|
||
Nous sommes tous égaux devant cette commune nécessité où nous nous trouvons de devoir travailler pour avoir de l’argent.« Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front », a ordonné l’Éternel sans préciser quelle serait la quantité de pain ni le volume de la transpiration à fournir en contrepartie. Car l’intégralité commence avec la somme d’argent reçue par chacun en échange de son travail. Ce que les économistes nomment la hiérarchie – ou l’éventail – des salaires est plus ou moins accentuée selon les pays.
En France, que l’on classe volontiers parmi les pays les moins égalitaires, la différence s’accroît encore avec le vocabulaire. Il existe chez nous un nombre impressionnant de mots qui ont comme dénominateur commun l’argent : Un employé touche des appointements ; un fonctionnaire un traitement ; un officier ministériel perçoit des émoluments ; un médecin, un avocat, des honoraires ; un employé de maison, des gages ; un employé de commerce, une guelte ; un écrivain touche des droits d’auteur ; un commerçant, des bénéfices ; un représentant, une commission ou un pourcentage ; un comédien, un cachet ; un garçon de café, un pourboire ; un propriétaire, un loyer ; un mendiant reçoit des aumônes ; le curé perçoit le denier du culte ; la mère de famille des allocations ; l’épargnant touche une rente ; un journaliste payé à la ligne, une pige ; le vieux monsieur une retraite ; un travail à durée déterminée entraîne une vacation ; un militaire reçoit une solde ; un administrateur de sociétés perçoit des jetons de présence et des tantièmes, etc.
Le mot qui pourrait convenir à la plupart des cas serait le mot « salaire » dont l’étymologie nous rappelle les temps lointains où l’homme travaillait pour gagner son sel, cette denrée indispensable et rare. Notre civilisation judéo-chrétienne a toujours eu vis-à-vis de l’argent une attitude équivoque faite à la fois de respect et de réprobation, de désir et de honte. Avec les pensées, les aphorismes, les maximes, que l’argent a inspirés à des auteurs de tous les genres et de toutes les époques, on pourrait remplir un coffre- fort. Nous avons relevé quelques phrases frappantes ou drôles qui peuvent se ranger sous deux rubriques : « Enrichissez-vous » et « L’argent ne fait pas le bonheur ». L’argent ne fait pas le bonheur de celui qui n’en a pas (BORIS VIAN) L’argent, tout compte fait, aide à supporter la pauvreté (ALPHONSE ALLAIS). L’argent, l’argent, dit-on, sans lui tout est stérile ; La vertu sans argent est un meuble inutile ; L’argent en honnête homme érige un scélérat ; L’argent seul au palais peut faire un magistrat. (BOILEAU) L’argent des sots est le patrimoine des gens d’esprit (DIDEROT). L’argent n’a pas d’odeur(VESPASIEN).
Ce n’est pas que l’argent n’ait pas d’odeur, c’est que l’homme n’a pas d’odorat (HENRI JEANSON) Si vous voulez savoir la valeur de l’argent, essayez donc d’en emprunter (BENJAMIN FRANKLIN) L’argent n’a pas d’idées (JEAN-PAUL SARTRE) L’argent donne tout ce qui semble aux autres le bonheur (HENRI DE RÉGNIER) L’argent n’est que la fausse monnaie du bonheur (E. ET J. DE GONCOURT). Ma grande objection à l’argent, c’est que l’argent est bête (ALAIN). Ni l’or ni la grandeur ne nous rendent heureux (LA FONTAINE). Ne dirait-on pas que la richesse rend heureux ? Ce sont les pauvres gens qui font courir ce bruit : les gens riches seuls savent qu’il est faux (JOSEPH MERY). Le dédain de l’argent est fréquent, surtout chez ceux qui n’en ont pas (COURTELINE). C’est déjà bien ennuyeux de ne pas avoir d’argent, s’il fallait encore s’en priver ! (PAUL MORAND). Il faut choisir dans la vie entre gagner de l’argent et le dépenser : on n’a pas le temps de faire les deux (EDOUARD BOURDET). L’argent, c’est comme les femmes : pour le garder, il faut s’en occuper un peu ou alors… il va faire le bonheur de quelqu’un d’autre (ÉDOUARD BOURDET). Nous ne pensons qu’à l’argent : celui qui en a pense au sien, celui qui n’en à pas pense à celui des autres (SACHA GUITRY). Quand j’étais jeune, je croyais que, dans la vie, l’argent était ce qu’il y a de plus important. Maintenant que je suis vieux, je le sais (OSCAR WILDE). Il faut mépriser l’argent… surtout la petite monnaie (FRANÇOIS CAVANNA) Fortune, bonheur des pauvres d’esprit (JULES RENARD). Un idiot pauvre est un idiot. Un idiot riche est un riche (LAFFITTE). Gagner de l’argent n’oblige personne à salir son honneur ou sa conscience (Baron GUY DE ROTHSCHILD) (1909-2007) Paul Getty, l’homme le plus riche du monde – ce qui ne l’empêchait pas d’être également le plus méchant, le plus égoïste et le plus haïssables – se plaignait : « Je ne peux malheureusement acheter que ce qui est à vendre, sinon il y aurait longtemps que je me serais payé un peu de bonheur. » Le pauvre homme à qui Jules Renard avait répondu d’avance : « Si l’argent ne fait pas le bonheur, rendez-le ! » Mon argent.....mon soleil. (VOLPONE- de BENJOHSON) "J'ai quitté, ces jours derniers, Racine pour La Fontaine et rappris une dizaine de fables par coeur. La perfection de La Fontaine est plus subtile mais non moins exigeante que celle de Racine; elle étend sur moins d'espace une apparence plus négligés; mais il n'est que d'y prêter attention suffisante: la touche est si discrète qu'elle pourrait passer inaperçue. Rien n'est plus loin de l'insistance romantique. Il passer outre aussitôt; et si vous n'avez pas compris, tant pis. On ne saurait rêver d'art plus discret, d'apparence moins volontaire. C'est au point que l'on doute si l'on n'y ajoute point parfois, si La Fontaine est bien conscient lui-même, dans quelques mots, de tout l'émotion qui s'y glisse; on sent aussi qu'il entre de la malice et qu'il faut se prêter au jeu, sous peine de ne pas bien l'entendre; car il ne prend rien au sérieux." (André Gide)
(Extrait du CD; Quand LA FONTAINE vous est conté... FABLES dites par JEAN - LAURENT COCHET)
|
||