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La Fontaine vit de la vie contemplative et visionnaire jusqu’à s’oublier lui-même et se perdre dans le grand tout. On peut presque dire qu’il végète plutôt qu’il ne vit, il est là dans le taillis, dans la clairière le pied dans les mousses, la tête sous les feuilles, l’esprit dans le mystère, absorbé dans l’ensemble de ce qui est identifié à la solitude. Il rêve, il regarde, il écoute, il scrute le nid d’oiseau, il observe le brin d’herbe, il épi le trou de taupe, il entend les langages inconnus du loup, du renard de la belette, de la fourmi, du moucheron. Il n’existe plus pour lui-même, il n’a plus conscience de son être à part son moi s’efface, il était là ce matin, il sera là ce soir. Comme ce frêne, comme ce boulot, un nuage passe, il ne le voit pas, une pluie tombe, il ne la sent pas, ces pieds ont pris racine parmi les racines de la forêt, la grande sève universelle le traverse et lui monte au cerveau et presque à son insu, il devient pensée comme elle devient glande dans le chêne et mûre dans la ronce, il la sent monter. Il se sent vivre de cette grande vie égale et forte, il entre en communication avec la nature, il est en équilibre avec la création. Et que fait-il ? Il travaille, il travaille, comme la création même du travail direct de Dieu. Il fait sa fleure et son fruit, fable et moralité, poésie et philosophie. Poésie, étrange, composée de tous les sens que la nature présente aux rêveurs. Étrange philosophie qui sort des choses pour aller aux Hommes… La Fontaine, c’est un arbre de plus dans le bois, le fablier. |
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Extrait du CD; Quand LA FONTAINE vous est conté... FABLES dites par JEAN - LAURENT COCHET... |
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